Les cas
de peste dans les pays développés : les États-Unis
Nous avons remarqué que les facteurs favorisant l'apparition du fléau étaient des facteurs liés au manque d'hygiène, à l'ignorance et à la pauvreté. On pourrait donc supposer que le fléau n'apparaisse pas dans les pays développés. Cette théorie se confirme en Europe où il n'y a pas de cas de peste depuis les années 20. Pourtant, on assiste à la fragilité de cette hypothèse en étudiant les cas de peste aux États-Unis. En effet, malgré des structures médicales très perfectionnées, les plus perfectionnées du monde disent-ils, les États-Unis recensent des cas de peste. Le premier foyer de peste est apparu en 1901 dans un quartier de San Francisco et n'a pas cessé de s'étendre vers l'est du pays depuis. En un siècle, il a couvert 16 états du Sud-Ouest des États-Unis et, depuis cinq ans environ, a traversé la frontière du Mexique et du Canada. Comme dans les pays en développement, le fléau peut donc être considéré comme ré émergent : d'une part, le nombre de cas répertorié est en augmentation, mais plus grave encore, le foyer s'étend. Le nombre d’états déclarant des cas humains est passé de 3 dans les années 50 à 13 dans les années 90. L'apparition des cas de peste se situe dans des foyers précis, foyers que nous pouvons délimiter en deux zones : d'une part le nord du Mexique, le nord de l'Arizona et le sud du Colorado, d'autre part la Californie, le sud de l'Oregon et l'ouest du Nevada. (voir carte des états atteints par le fléau). On sait que l'homme est contaminé par l'intermédiaire des rongeurs ou de puces infectées. Il est donc normal que les cas répertoriés se situent la plupart du temps dans des régions rurales où les contacts entre rongeurs, puces et hommes sont plus faciles et donc plus fréquents. Comme dans les pays en développement, la principale forme de peste est la forme bubonique, suivie par les formes septicémique et pneumonique. En cinquante ans, 390 cas ont été signalés, dont 60 (15,4 %) cas mortels soit environ un sur sept. La peste bubonique a été diagnostiquée dans 327 (85%) de ces cas, dont 44 (13,5 %) cas mortels ; la peste septicémique, dans 49 cas (13 %), dont 11 (22,4 %) cas mortels et la peste pneumonique, dans sept cas (2 %), dont quatre (57,1 %) cas mortels.
Considérant ce facteur, on remarque encore que la peste aux États-Unis n'est pas bien différente de la peste dans les pays en développement : ici aussi, la forme la plus mortelle est la plus rare. Pourtant, on remarque que le taux de létalité pour la peste septicémique est bien moins élevée aux États-Unis que dans les pays en développement : plus de quatre fois moins alors qu'il est environ égal pour les autres formes de la maladie. Cela peut s'expliquer par le fait que la survie du patient atteint de la forme septicémique est due en grande partie à l'administration rapide d'antibiotiques, administration qui tarde à venir dans les pays en développement. Il semblerait donc que, là encore, les hommes ne soient pas égaux face à la mort et que, quitte à être atteint de la peste, mieux vaut être américain qu'africain ! |