Les risques de contamination dans le mondeMais après tout, ces cas sont rares, plutôt isolés et le taux de mortalité reste relativement faible. On serait donc tenté de croire qu’il n’y a rien à craindre, que cette épidémie ne nous concerne pas… Faux ! Ce n’est pas parce qu’aucun cas n’a été répertorié en France depuis 1920 que l’on ne court aucun risque. Et les risques sont même multiples… D’une part, la multiplication des moyens de transport et surtout des transports aériens facilite la propagation de virus dans des lieux où il n’est plus présent, notamment en Europe. En effet, le virus est, nous le savons, extrêmement contagieux. Or, dans les pays en développement ,surtout sur le continent africain, alors que les conditions d’hygiène ne font que se dégrader –facteur favorisant l’apparition de l’épidémie- les vols internationaux, surtout dans un but touristique sont de plus en plus fréquent. On peut dès lors imaginer le scénario catastrophe suivant : un européen, après un voyage touristique organisé dans un pays où la peste est encore à l’état endémique, présente des signes de fatigue aiguë. Il consulte son médecin généraliste, qui peu habitué à reconnaître cette épidémie, traite le patient avec des antibiotiques inadapté. Dans la plupart des cas, les médecins prennent le bubon pour une adénine aiguë et administrent de la pénicilline au malade, antibiotique sans effet sur la bacille. Dans les jours qui suivent, le patient meurt. Cas répertorié, pensez-vous ? Non, n’oubliez pas que la peste est contagieuse. Si le patient était atteint de la forme pulmonaire –bien sure extrêmement rare mais aussi extrêmement contagieuse, il aura pu contaminer ses proches et l’épidémie pourra ainsi se propager. Imaginez : le malade prend l’avion. Trois quintes de toux plus tard, tous les voyageurs et membres de l’équipage sont contaminés. Il rentre chez lui en bus de même que les autres voyageurs et ils contaminent tous ceux qu’ils croisent. En trois jours, la propagation est tellement rapide qu’elle en est devenue incontrôlable. Toujours à l’abri, pensez-vous ? Mais, d’autres scénarios sont imaginables : imaginons un autre touriste atteint de la peste bubonique cette fois et dont la puce infectée reste sur le corps après l’avoir quitté. Arrivé en France, la puce peut piquer des rats qui seront alors infectés et qui contamineront alors les humains… Science fiction, pensez-vous ? Les chercheurs assurent que non, qu’une telle catastrophe est imaginable en France. Mais ils assurent aussi que cette épidémie serait rapidement dominée dans les pays où le niveau d’hygiène est élevé comme en France. A condition que les médecins diagnostiquent rapidement la cause de l ‘épidémie et traite les patients en conséquence. La contamination de l’Europe à travers les transports aériens est donc un risque possible. D’autre part, le fait
que beaucoup de pays où la peste est à l’état
endémique sont les nouvelles destinations favorites des touristes
européens : le Zaïre, le Mexique, l’Inde, les États-Unis. Quand aux autres pays où le peste est encore présente tels
les anciens pays de l’union soviétique (du fleuve Amour à la mer
Caspienne), l’Afrique du Sud, le Pérou ou encore le Brésil ne sont pas
à proprement parlé des pays totalement coupés du monde. Les risques
sont donc fortement accrus par cette confrontation fréquente entre des
hommes sains et la bacille. De plus, il semblerait qu’en cas d ‘épidémie,
beaucoup de pays minimisent les chiffres ou ne les déclarent pas à l’OMS
pour ne pas effrayer touristes et
investisseurs. On risque donc d’être mal informé voir pas informé du
tout lorsqu’on se rend dans ces pays et le risque est donc encore plus
fort. Enfin,
dernière raison de s’inquiéter et plus grave peut être, il semblerait
le bacille Yersin Pestin soit mutant. En effet, la peste pulmonaire n’apparaît
généralement que dans les régions à climat froid. Or, la dernière
grande épidémie a touché l’Inde, pays où il fait plus de 27°C à l’ombre.
On peut donc s’inquiéter que le bacille de Yersin soit en pleine
mutation et on pourrait alors imaginer que l’épidémie apparaisse dans
les régions tropicales, régions jusqu’alors intouchées et où la
contamination serait rapide et facile car les médecins, inhabités à
traiter cette épidémie, risquent de prendre un certain temps avant de
diagnostiquer l’origine des troubles présentés par les malades. De
plus, le fait que la plupart des pays tropicaux soient des pays pauvres en
développement faciliterait de beaucoup la propagation du virus. En outre,
puisque ce virus est jusqu’alors inconnu dans ces pays, on peut supposer
que les hommes soient moins bien immunisés que ceux vivant des les pays
où la maladie est à l’état endémique et que la première apparition
de l ‘épidémie soit particulièrement meurtrière. En effet, les
chercheurs ont remarqué que le taux de mortalité est plus faible lors de
la troisième ou quatrième réapparition que lors de la première. Élément
qui laisserait donc à supposer que l’organisme puisse s’immuniser
contre le bacille… cette hypothèse n’est nullement vérifiée mais
les scientifiques pensent que les hommes pourraient être immunisés suite
à des infections par des agents présentant des antigènes communs au
bacille de Yersin et dont le génome serait proche de celui de ce même
bacille. Cette hypothèse expliquerait sûrement pourquoi les scénarios
catastrophes imaginés précédemment ne se soient pas encore réalisés.
Enfin, si ce phénomène de mutation se vérifie, on pourra craindre que
le bacille se mette à résister aux traitements comme cela est le cas
pour nombreux mutants bactériens et viraux. Les antibiotiques
généralement administrés seraient alors inefficaces et la victime
aurait de très faible chance de survie. Quant à la pseudo-immunité de l’organisme,
elle serait alors totalement illusoire. Pour toutes ces raisons, nous
devons nous sentir concernés par la peste et restez vigilants. Mais, il
ne faut pas pour autant sombrer dans l’hystérie de masse et hurlez à
la peste dès qu’on aperçoit un rat dans les champs… Il sera assez
tôt de paniquer quand les rats seront sur les rails de métro…
|