Aujourd'hui, les cas de peste dans le monde

Les cas de peste dans les pays en développement

La peste est avant tout une épidémie des pays pauvres et en développement, pays majoritairement ruraux. En effet, l’Afrique, continent le plus touché par l’épidémie compte 10 151 cas dont 1343 décès ces quinze dernières années. Quant à l’Asie, le continent compte 5661 cas pour 325 décès. Par ailleurs, 2694 cas dont 151 décès ont été répertoriés en Amérique du Sud dans des foyers bien précis : Pérou, Brésil, Bolivie et Equateur. Le fléau est aussi réapparue sous forme épidémique non seulement en Inde en 1994 (876 cas) mais aussi en Tanzanie en 1991 (1293 cas), au Zaïre de 1991-1993 (1315 cas), au Pérou de  fin 1992 à mi 1994 (1151 cas) et en Zambie fin 1996 (267 cas).              

Parmi les cas de peste confirmés ou probables, les formes buboniques représentent 91,3% des cas, les formes pulmonaires 6,8 % des cas, les formes septicémiques 1,9 % des cas. Le taux de létalité parmi les cas confirmés ou probables varie par année de 13% à 26 % avec une moyenne annuelle de 19 %. La létalité varie selon les formes : pour la forme bubonique, elle est de 14,8 %, de 57,1 % pour la forme pulmonaire et de 96 % pour la forme septicémique. 

On peut donc remarquer que, fort heureusement, les formes les plus meurtrières sont aussi les plus rares.

Le fait que les cas de peste soient principalement localisés dans les pays en développement peut être expliqué par plusieurs facteurs. Le climat, tout d'abord,  est un facteur favorisant l’apparition et la propagation de l’épidémie. En effet, les climats doux ont pour conséquence d’épuiser les sols, et de donner des récoltes médiocres et insuffisantes. La population est donc affaiblie physiquement et résiste moins au bacille. De plus, en permettant de pénétrer à l’intérieur du pays, les transports favorisent aussi la propagation de la peste. En effet, le déplacement de la population augmente en période de crise car les hommes sont poussés à partir par peur du fléau : lorsqu'ils apprennent que le fléau est réapparu, ils fuient en masse et cherchent à rejoindre les régions encore non touchées. Ce phénomène a pour conséquence d'accélérer la propagation du foyer contaminé. Ce développement est rendu plus rapide encore par le développement des transports car le déplacement de la population est favorisé. Enfin, les conditions de vie favorisent la multiplication des rongeurs et la transmission de l’infection. Au moment des moissons, les villages croulent sous les récoltes et, sachant que tout se cultive sur les mêmes terres (mais, haricots, patates douces, pêchers ou encore bananiers), le pullulement des rats est favorisé. En effet, les rats trouvent abondance de nourriture sur le sol et se réfugient dans les arbres. De plus, certaines pratiques agricoles favorisent les contacts entre les rongeurs et les humains. En effet, les feux de brousses, qui ont pour effet de nettoyer les terres ou de créer des pâturages, poussent les rongeurs à se réfugient dans les villages ou près des villages. Les cycles d'inondation des rizières provoquent, elles aussi, la monté des rats vers les habitations. C'est ainsi que les rats deviennent plus nombreux dans les villages à des périodes données de l'année. De plus, l'insécurité croissante des villages est un facteur indirect de la réapparition de la peste. En effet, des brigands armés attaquent les villages, et pour les protéger, les villageois emmagasinent leurs récoltes dans les greniers. Les greniers deviennent alors de véritables garde-manger pour les rongeurs. Les puces qu'ils hébergent se joignent au festin ce qui achève le cycle de l'infection : lorsque les puces piquent les humains pour leur prendre du sang, elles leur transmettent le bacille pesteux. Tous ces facteurs permettent donc la propagation du fléau .

Face à l'augmentation du nombre de cas, différentes mesures sont mises en place pour tenter de limiter l'extension du fléau. Considérant que la pauvreté, le non-respect des règles minimales d'hygiène et l'ignorance sont les facteurs favorisant la propagation de la maladie, des campagnes d'éducation sont instaurées afin de sensibiliser et informer la population des dangers engendrés par le manque d'hygiène et des précautions à prendre pour éviter la propagation de l'épidémie. Les gens doivent comprendre qu'il est anormal de vivre avec des rats et qu'ils doivent améliorer leur hygiène même en dehors des épidémies. La population doit aussi être éduquée de manière à alerter le personnel de santé, dès que des cas semblent apparaître. Parallèlement aux campagnes de prévention, des campagnes sanitaires sont mises en place afin que, dès l'apparition de cas humains, les maisons de malades et celles qui sont environnantes soient désinsectisées et que tous les sujets en contact avec les malades soient traités préventivement. Il faut aussi protéger physiquement le personnel de santé. Enfin, il faut surveiller les rongeurs pour situer les lieux à risque et tenter d'éradiquer la peste. Pourtant l'éducation de la population reste la mesure la plus importante. En effet, tant que la population n'améliorera pas son hygiène toute disparition du fléau sera impossible.

Les mesures de préventions semblent donc claires et relativement faciles à suivre et à surmonter. Pourquoi la maladie est-elle donc ré émergente? Cette réapparition en masse s'explique par le fait que les pays en développement doivent faire face à de nombreux problèmes. Un problème strictement biologique d'abord. En effet, les rats sont capables d’engendrer 230 petits en six mois ! Il semble donc très difficile de vouloir les éliminer tous. De plus, les habitants ne disposent pas de moyens vraiment efficaces pour faire partir ou pour tuer les rats. Le seul moyen qui pourrait sembler efficace est l'élevage d'un chat mais acheter un chat coûte très cher. Même les autorités locales semblent impuissantes face au fléau : lorsqu’elles lancent des opérations de dératisation le succès est très moyen. L'installation de piège et la mise en œuvre de travaux de nettoyage et de désherbage ne réussissent que très rarement à capturer la majorité des rats. De plus, la dératisation peut être dangereuse : en effet à la mort du rat, ses puces, en quête d’un nouvel hôte, cherche à piquer les humains. Seule la pulvérisation d'insecticides, ayant pour but de détruire les puces infestant les habitations peut donner quelques espoirs de contrôler la maladie. Malheureusement, les puces semblent y résister de plus en plus. Le traitement idéal ne semble donc pas avoir été trouvé pour se débarrasser des rats. Il existe des moyens de traitements efficaces pour soigner la maladie, mais la déliquescence du système de santé soustrait des soins à une grande partie de la population. Les diagnostics ne sont pas toujours faits assez rapidement pour que les chances de survie du malade soient maximales. Le traitement doit en effet être administré dans les 48 heures après l'apparition des premiers symptômes. De plus, les prise en charge des malades et les traitements administrés ne sont pas toujours adaptés. En effet, aux premiers symptômes, de nombreux malades se confient aux soigneurs traditionnels. Ceux-ci prescrivent des massages et des plantes médicinales et interdisent les traitements antibiotiques, les seuls vraiment efficaces. Il n'y a donc rien d'étonnant au fait que beaucoup trouvent la mort suite à ces traitements. Enfin, l'ignorance et le manque d'hygiène de la population sont autant de problèmes auxquels les responsables sanitaires doivent faire face. Ignorants des risques encourus, la population ne juge pas toujours utile de se débarrasser des rats alors que cela est encore possible et son manque d'hygiène ne fait qu'augmenter les risques de propagation du fléau. 

Les problèmes à surmonter sont donc nombreux et l'éradication du fléau ne semble donc pas encore envisageable. Ainsi, une campagne de lutte contre le fléau a été amorcée en Afrique, il y a quelques années dans le cadre du Programme National de Lutte contre la Peste, mais l'épidémie reste néanmoins ré-émergente sur ce continent. La peste semble donc être un danger permanent pour les pays du tiers-monde.

 
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Pauline Cavarelli
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Révision : 08 April 2001 .