Un
bouleversement démographique
L’épidémie a tout d’abord des conséquences démographiques évidentes. En effet, le taux de mortalité chute brutalement et la population a tendance à stagner ou à être en déclin. Ainsi, le taux de mortalité avait baissé de 60 à 100% au XIVème dans les régions où l’épidémie avait été la plus ravageuse. De plus, le fléau réapparaissant tous les dix, quinze ans après avoir semblé avoir disparu, toute reprise démographique est impossible. En effet, si le fléau avait été très meurtrier à un moment donné de l’histoire puis n’avait jamais réapparu, il y aurait eu, dans la pyramide des âges, une classe creuse mais il y aurait eu ensuite une reprise démographique. Pourtant, dans le cas présent lorsque les nouvelles générations sont en âge d’assurer le renouvellement des générations, l’épidémie réapparaît et ces classes disparaissent. De plus, les enfants, moins bien protégés, étaient beaucoup plus touchés. Un problème pour l’avenir c’est donc posé. Il y a donc eu un abaissement progressif de l’évolution des populations européennes. Mais l’épidémie n’a pas seulement eu des graves conséquences par rapport au nombre de morts, elle a aussi eu des conséquences par rapport aux survivants. D’une part, l’apparition de la peste est suivie de brusques migrations de populations fuyant l’épidémie. Le nombre d’errants et de vagabonds augmente considérablement et la misère et le banditisme sont de plus en plus présents. D’autre part, dans la démographie ancienne, trois mouvements sont liés à l ‘apparition du fléau : hausse des prix d’abord (la peste étant souvent conséquence de sous-alimentation chronique, les denrées venaient à manquer), puis l’accroissement de la mortalité et l’augmentation des mariages et des naissances après. En effet, ceux qui avaient survécu à l’épidémie se remariaient souvent puisque les héritages, même modestes le permettent. L’apparition de l’épidémie pourrait donc avoir une grande conséquence sur la démographie du pays où elle se répandrait. On peut néanmoins penser que l’épidémie ne serait pas si meurtrière aujourd’hui dans les pays développés où le vaccin est connu et où - l’on peut espérer -, des mesures efficaces seraient rapidement prises. Pourtant, dans les pays pauvres et en développement, où l’hygiène est souvent élémentaire et les services médicaux rares, l’épidémie pourrait peut être avoir les mêmes conséquences démographiques que la peste noire du XIVème siècle. |